Le style du ... hipster

Parmi les grands styles vestimentaires dominant aujourd’hui la scène de la mode, le mouvement hipster tient une place particulière. Mais qu’est-ce réellement qu’un hipster ? A l’évocation de ce nom, on imagine souvent une paire de lunettes, une chemise à carreau, peut-être une moustache, un tout assez décalé et à contre-courant de ce qui se fait.
LBDM mène l’enquête pour découvrir ce qu’est vraiment le style du… Hipster.

 

LE TERME HIPSTER


Lorsque l’on s’intéresse à un sujet, il faut toujours commencer par l’étymologie (l’origine du mot). Le terme hipster est issu tout droit des Etats-Unis des années 1940. Il signifie dans le langage anglo-saxon « branchouille » ; le terme « hip » signifiant lui-même « libéré ». A l’origine, il désignait ainsi les amateurs blancs de jazz et de bepop, deux styles musicaux qui ont connu leur âge d’or à ce moment (bien que le jazz demeure très populaire encore aujourd’hui).
Le New York Times avait alors proposé une définition de ce style vestimentaire (et au-delà, de comportement) : «[le Hispter] a été explicitement défini par le désir d’une avant-garde blanche de s’affranchir de sa couleur de peau, (…) et d’atteindre le savoir ‘cool’, l’énergie exotique, la luxure et la violence des Noirs américains.»
Mais quid du hipster moderne ? La signification des origines n’a plus grand chose à voir avec le sens contemporain du style. En réalité, c’est un brin plus compliqué que cela.

 

LE HIPSTER CONTEMPORAIN


L’approche que l’on a du hipster varie selon que l’on se place du point de la publicité (hautement influente) ou des puristes. Pour ces derniers, ce style se manifeste par une attitude détachée, détendue et un style original, qui tranche radicalement avec la mode « mainstream ». L’essence même du hipster est ainsi d’être à contre-courant de ce qui marche.


Oui mais…


Le soucis, c’est que le style hispter est lui-même devenu à la mode. Or l’essence du hipster est d’aller contre la mode. Il fut repris par les médias mis en avant dans le monde de la mode, présenté comme le nouveau style « cool » à adopter. Slate va jusqu’à dire que c’est un terme qui fait office de nouveau point Godwin : lorsque vous n’avez pas d’avis sur un film, un expo,… un peu décalé, il suffit de dire que c’est « hipster » pour donner l’impression que l’on donne avis profond et réfléchi. Ce serait donc désormais un terme fourre-tout vidéo de son sens.


The Kooples s’est par exemple approprié ce style :

 

LE STYLE HIPSTER


Au final (comme le style Dandy d’ailleurs), être hipster est avant tout avoir un état d’esprit. Il est donc difficile de définir ce courant puisque sa définition est de changer, d’être en permanence à contre-courant des codes dominant la mode.


Pour la représentation que l’on s’en fait encore aujourd’hui, essentiellement à travers les médias, son style vestimentaire peut se définir ainsi :

- tenue faussement négligé - vêtements alternant entre cheap et chic - coupe de cheveux effet coiffé-décoiffé (autrement appelé bazar organisé) - port de la barbe -

 

Mais le hipster (actuel) n’est pas fait que d’habit, il cherche également à nourrir son esprit. Ainsi, il lit Nietzsche, Orwell ou Tocqueville, adore tous les films de Francis Coppola et écoute Bowie.
Bref, toujours sur ligne entre le décalé et le culturel. Ah oui, détail important, il ne se déplace qu’à bicyclette.


En conclusion, le hispter est aujourd’hui schizophrénique : il a son côté décalé, incompris, à contre-courant. De l’autre, il fut récupéré par les marques et les médias, détruisant ce qui faisait sa raison d’être. Il ne reste plus qu’à observer comment il renaitra.